Universités : du malaise identitaire à la crise ouverte
The opposition to reforms at French universities
Quelle que soit l’issue – peut-être tout provisoire – du mouvement de grève et de protestation qui a duré plusieurs mois dans les universités françaises, ce mouvement aura scellé une rupture, un abîme d’incompréhension, entre le pouvoir à son plus haut niveau et le monde des travailleurs du savoir ; la sidération des universitaires et des chercheurs devant le discours de mépris du président de la République, le 22 janvier 2009, n’est pas sortie des mémoires : le mépris était assez fort pour qu’il trouve à s’exprimer devant ceux-là mêmes qui en étaient l’objet.
Du côté des sciences humaines et sociales, l’attaque semble frontale : dans le champ de la recherche, dès cette année, le taux de remplacement des chercheurs CNRS partant à la retraite est de 0,53. L’objectif en pluriannuel (sur trois ans au moins) est de 0,5. Compte tenu de la pyramide des âges, c’est une véritable saignée qui se prépare. Ces données doivent être lues comme la traduction en termes de moyens et d’emplois du clivage politique et idéologique – particulièrement fort dans le champ des sciences humaines et sociales – entre pouvoir et savoir.
En arrière-fond, un service public structurellement sous-financé
Si la crise n’est pas directement de nature économique, elle renvoie à la situation de pénurie dans laquelle les universités françaises doivent travailler : à la vétusté des locaux, à leur équipement insuffisant, il faut ajouter l’insuffisance de moyens qui caractérise la plupart des bibliothèques universitaires, ainsi que le sous-encadrement administratif. La France ne consacre que 1,3% de son PIB à l’enseignement supérieur,1 ce qui la place en position médiane au sein de l’OCDE, un score médiocre quand on pense à l’insistance du pays au sujet de son modèle respectueux du sens du service public ; pour comparaison, les États-Unis affectent à l’enseignement supérieur 2,9% de leur PIB et le Canada 2,6%. Le coût moyen d’un étudiant est de 10 150 euros, soit 50% du coût moyen d’un étudiant américain ou suisse. Ce coût moyen cache de surcroît des disparités importantes, puisqu’il varie de 8 970 euros par an pour un étudiant d’université publique, jusqu’à 13 880 euros2 pour un élève de classe préparatoire aux grandes écoles.
Des établissements pris dans un étau
D’un côté, les meilleurs élèves du secondaire, à l’exception de certains de ceux qui choisissent le droit ou la médecine, fuient l’université au profit des classes préparatoires aux grandes écoles. La recherche abritée par les universités souffre de ces concurrences, alors même que les grandes écoles, pour nombre d’entre elles, ne valorisent que très faiblement les carrières de chercheurs. D’un autre côté, nombre d’étudiants se tournent vers des filières sélectives (les IUT), dont ils attendent un meilleur encadrement et une employabilité supérieure à la sortie ; l’entrée dans ces filières peut aussi relever de stratégies de contournement des premières années universitaires, ce qui n’est pas souhaitable.
Les universités sont ainsi prises en étau entre grandes écoles et IUT (lesquels en font partie, mais tout en affirmant leur singularité). Sur les 524 300 jeunes qui ont obtenu le baccalauréat en 2007, 77,2% se sont inscrits dans l’enseignement supérieur hors apprentissage. Les bacheliers généraux vont massivement – mais de moins en moins – à l’université ; la même année, ils étaient 55,6% à s’orienter en université hors IUT. Le taux d’échec demeure endémique dans les premières années. Dégager les moyens d’une meilleure adéquation des profils des nouveaux arrivants aux formations initiales est une tâche de première urgence. Certaines mesures (plan réussite en licence notamment) y participent, mais elles ne parviennent pas à endiguer les effets pervers d’un système partout sélectif, sauf dans les premières années de l’université. Si l’on s’en tient à la reconnaissance de ce que le bac demeure le premier diplôme de l’enseignement supérieur, de sorte qu’il n’y a pas lieu de sélectionner à l’entrée, c’est toute l’organisation des premières années universitaires qui mérite d’être revue, avec plus de fluidité entre les parcours, plus d’accompagnement personnalisé. C’est là une affaire de moyens humains, pour des établissements qui consacrent en moyenne 53% de leur budget pour les enseignants et 20% pour les non-enseignants.3 Le mouvement de grève renvoie à la difficulté que l’on rencontre lorsqu’il s’agit de dégager ces moyens, de construire des parcours attractifs et professionnalisants qui n’obèrent ni la fonction de recherche ni la transmission des savoirs généralistes. Nombre d’enseignants, en se dévouant et en affectant un temps de travail important aux premières années, ont négligé leurs recherches ; les désigner du doigt plutôt que de compenser cet effort en leur donnant des moyens de reprendre leurs recherches n’est ni loyal, ni efficace.
Les réformes de trop ?
Si le conflit mêle différentes questions, il s’articule, pour l’essentiel, autour de deux d’entre elles : la masterisation et la révision du statut des enseignants-chercheurs. Pourtant, c’est sa mise en contexte qui permet de mieux le comprendre. De même que la culture n’est de mise sur les chaînes de télévision que “la nuit et l’été”, le ministère se plaît à faire passer ses réformes… à Pâques et l’été. Est-ce bien raisonnable de tabler sur la désertification des campus pour mettre la communauté universitaire devant le fait accompli ? Et même si l’on peut légitimement contester ce terme de “communauté”, tant celle ci est composite et hétérogène, le spectre des positionnements idéologiques, politiques, scientifiques des enseignants-chercheurs hostiles aux nouvelles réformes aura montré qu’elles faisaient réellement question et qu’elles s’inscrivaient dans un environnement fait de tensions. En effet, la succession et le rythme des réformes – la ministre finira par avouer que “la barque était trop chargée” – ont mis le feu aux poudres, succession d’autant plus mal vécue qu’elle s’accompagnait du message à peine subliminal que le milieu est impossible à réformer.
L’accusation est plus qu’injuste. Il y eut le processus de Bologne et le passage à un nouveau rythme de délivrance des diplômes allant de pair avec la révision des maquettes d’enseignement. Puis il fallut prendre acte du vote de la loi sur l’autonomie des universités, que moins du tiers des établissements ont déjà adoptée. Une pause eût été nécessaire. Que nenni ! Xavier Darcos, voulant à son tour imprimer sa marque alors que la réforme des lycées avait dû être reportée, lança au pas de charge la masterisation de la formation des enseignants,4 dont la mise en application ne devait pas attendre. Les professeurs étaient-ils donc si mal formés pour qu’il faille changer le système dans la précipitation et le désordre ? Dans le même temps, côté ministère de l’Enseignement supérieur, la révision du statut des enseignants-chercheurs fut vécue comme une provocation dès lors qu’elle s’accompagnait de la réduction du nombre des postes : on reste d’ailleurs pantois devant cette erreur politique majeure (un mauvais coup du Premier ministre à sa ministre de l’Enseignement supérieur ?) consistant à comprimer le volume de l’emploi tout en réformant un service public, de sorte que l’on en déduit que la seconde mesure n’est là que pour servir la première ! Cette erreur fut d’autant plus regrettable que la modulation des services était indispensable, et que se développa tout un discours qui, fort des bévues commises, consistait à ne vouloir rien changer à un système qui ne satisfaisait pourtant pas grand monde. Moduler les services en fonction des compétences, des rythmes des investissements scientifiques et pédagogiques, individuels et collectifs, et des besoins des établissements, n’a rien de scandaleux. La modulation pourrait permettre à l’enseignant-chercheur, resté maître in fine de son temps de travail, d’alterner des années plus centrées sur la recherche et d’autres plus portées sur l’enseignement, comme cela se pratique dans nombre d’universités étrangères. Les décharges sont indispensables afin de compenser le surcroît de travail de celui qui accepte d’assurer certaines tâches administratives, lourdes et ingrates. Il importe toutefois que cette acceptation et ce mode de régulation ne constituent pas un prétexte au déclin du nombre des postes administratifs. Il importe de même que le plafond des heures d’enseignement soit clairement énoncé.
La lourdeur des négociations a amplifié les désaccords et raidi les positions, de sorte que la révision du décret, puis sa traduction opérationnelle sous la forme de circulaire, bien que l’ayant vidé d’une large part de sa substance, n’ont pas calmé les esprits, donnant le sentiment que le conflit se déplaçait et échappait aux revendications initiales, pour revenir au clivage que nous énoncions en introduction de ce texte.
Les glissements sémantiques et la question de la gouvernance
Le monde du savoir est celui du discours. Pas nécessairement celui du double discours. Or la loi LRU, en introduisant l’autonomie des universités, a produit un double langage, entraînant dans son sillage des malentendus et des confusions entre autonomie et indépendance. La loi a fini par être interprétée comme une arme contre l’indépendance du chercheur. À l’autonomie de l’institution (universitaire), correspondait soudain la moindre indépendance de la fonction (d’enseignant- chercheur). Le renforcement du pouvoir du président de l’université, certes élu par ses pairs, ne manquait pas d’inquiéter un milieu jusqu’alors très à l’abri d’éventuels rappels à l’ordre ou de révisions de ses conditions de travail, polluant la question de l’évaluation.
Dans un texte tout récent, nombre de pétitionnaires de tous bords appellent très pertinemment à “ne pas confondre autonomie de gestion (principalement locale) et autonomie scientifique (indissociable de garanties statutaires nationales)” et à “concevoir des montages institutionnels qui assurent au corps universitaire de réels contrepouvoirs face aux présidents d’université et aux conseils d’administration”.5 Le respect de la tradition de collégialité, indispensable, doit effectivement aller de pair avec l’autonomie. Mais l’affaire est compliquée : la confiance en des présidents disposant de vraies marges de manoeuvre est indispensable afin qu’ils puissent construire des stratégies de développement des établissements qu’ils dirigent. Le clientélisme et le localisme n’ont pas attendu la LRU, et l’ouverture des instances universitaires à la société civile devrait aller de soi. Nous en sommes encore loin.
No future ?
Non seulement les carrières se présentent comme des parcours du combattant semés d’embûches et de goulets d’étranglement, parcours dont les femmes sont particulièrement victimes, avec une proportion de 18% pour les professeurs d’universités contre 36,1% pour l’ensemble des enseignants, 32,9% pour les enseignants-chercheurs et 41% parmi les maîtres de conférences, mais encore les rémunérations demeurent structurellement faibles. Un maître de conférences débutant gagne – après, au bas mot, une dizaine d’années de galère – 1 790 euros nets. La création de chaires d’excellence constitue une incitation intéressante, mais qui heurte la passion égalitaire de nombre d’universitaires ; elle ne règle aucunement le problème de la majorité des enseignants-chercheurs, ni celui de la pénurie des moyens de recherche (des étudiants rémunérés pourraient effectuer des tâches d’assistance de recherche qui manquent cruellement aux chercheurs).
On a évoqué le troc qui s’est installé entre la faiblesse de la rémunération et l’indépendance. Mais un piège redoutable se superpose à cette première forme de gestion de l’appariement entre l’institution et l’enseignant-chercheur, celui de l’habit vite enfilé de l’ajustement (à la baisse) de l’effort à la rémunération. La faiblesse conjointe de la reconnaissance et de la rémunération est destructrice. Le débat sur l’évaluation s’en trouve d’autant plus tendu.
L’évaluation, le mot qui fâche
Il faut être ignorant de la réalité du travail universitaire pour croire que celui-ci n’est pas évalué ; il arrive même que la manie de l’évaluation finisse par faire perdre un temps précieux à celui qui remplit dossiers et listes de travaux. La question porte non pas sur le principe mais sur les modalités de l’évaluation d’un côté, et sur les usages de cette évaluation de l’autre côté. Combien de fois faudra-t-il rappeler que le temps long et le processus le plus souvent incertain et tâtonnant de la recherche requièrent des modalités très fines et attentives d’évaluation ? Les listes de publications, elles-mêmes hiérarchisées selon des critères toujours discutables, ne répondront jamais qu’imparfaitement à la variété et à la plasticité du travail de recherche. L’évaluation doit être qualitative, collégiale, régulière mais sans tomber dans le harcèlement productiviste.
Ajoutons au passage que les évaluateurs tiennent pour négligeables certains effets collatéraux de leur méthode. Le premier a trait à la place respective des livres et des revues, le second au modèle économique de la diffusion des connaissances. Sur le premier point, le chercheur et son laboratoire sont jugés à l’aune des publications scientifiques dans des revues à comité de lecture. Les livres sont quantité négligeable. Un Tristes tropiques vaudrait moins qu’une publication dans la revue International Journal of Anthropology. Est-ce tout à fait raisonnable ? Le second point mérite un bref rappel. Le marché des revues scientifiques est fortement concentré autour d’Elsevier, Kluwer, Blackwell, Springer.6 Sur ce marché dont la matière première est doublement subventionnée, les auteurs étant des chercheurs rémunérés par des laboratoires le plus souvent publics, et le travail des rapporteurs n’étant pas payé, ce sont surtout des bibliothèques publiques – financées sur fonds publics – qui s’abonnent aux revues scientifiques. Le mode d’évaluation des universités conduit ainsi à privilégier certaines formes de publication au détriment des autres, et de manière incidente, certains éditeurs au détriment des autres. Le travail des éditeurs de revues est essentiel, mais considérer que leurs deux fonctions – certification et dissémination du savoir scientifique – ne sauraient être portées que par des articles, et que les livres n’ont guère de valeur scientifique, est un choix qui n’est pas neutre non seulement pour les modalités concrètes de production et de diffusion du savoir, mais aussi pour l’avenir de l’édition de livres scientifiques.
Coopération versus compétition
Le développement des universités se fait sur arrière-fond de compétition. Le classement de Shanghai, la mondialisation, l’intensification et la rapidité des échanges, alimentées par les NTIC, créent une émulation, mais aussi des sources de compétition qui ne sont pas nécessairement vertueuses. La politique menée, notamment avec les plans Campus, si indispensable soit-elle, participe de cette course à la reconnaissance. Dans pareil contexte, les inégalités de moyens apparaissent d’autant plus cruelles. Elles vont au-delà de l’opposition université/classes préparatoires. Elles créent des lignes de clivages entre les universités elles-mêmes, qui, de fait, sont à des niveaux d’excellence différents et qui assument des fonctions socio-éducatives contrastées.
L’importance du dégagement de moyens renforcés pour les universités des zones urbaines défavorisées a trop longtemps été négligée. Il faut d’urgence rompre avec le message implicite selon lequel les bons éléments doivent quitter les banlieues pour rejoindre les universités de centre-ville et dégager les moyens budgétaires et en communication afin de démontrer que l’on peut développer des stratégies gagnantes ailleurs qu’au centre douillet des grandes villes. Il faut ici relever le véritable scandale que constituent les atermoiements du pouvoir dans le dégagement des moyens destinés au campus Condorcet, à la périphérie nord de Paris.7
Un mouvement mi-inventif, mi-dépressif
Si l’université n’est pas un champ de ruines, comme d’aucuns ont pu le prétendre, le conflit présent porte atteinte à son identité : qu’elle ait été de tout temps un lieu de débats et de discussions, de pouvoir et de luttes, nul ne saurait en douter. Mais on a le sentiment que se sont développées de toutes parts des lignes de fuite (vers les classes préparatoires et les grandes écoles, vers des universités étrangères de la part des enfants de cette élite argentée que les émoluments extravagants des dirigeants ont contribué à créer), tandis que se consolidaient des corporatismes frileux et méfiants. Comment les tenants du conflit ont-ils pu éviter de poser la question du statut respectif des enseignants-chercheurs d’une part et des chercheurs CNRS d’autre part, particulièrement en SHS, les uns comme les autres étant tenus à l’excellence de la recherche, mais seuls les premiers devant s’acquitter d’une lourde charge d’enseignement, les autres ne le faisant que moyennant heures complémentaires, et à pas comptés ? Marcher vers un corps unique est indispensable.
Il est vrai que les réformes, qui se sont conjuguées avec des argumentaires quasi exclusivement centrés sur l’excellence comme résultat de la compétition acharnée, sur la mise en place de mécanismes d’autorenforcement aux termes desquels celui qui a fait ses preuves se voit allégé des tâches réputées ingrates, tandis que l’autre sera plongé dans une spirale de l’occupation du temps quasi définitivement impropre au développement d’un projet de recherche, n’ont pas aidé à soulever les sujets qui fâchent.
Le conflit s’est accompagné d’un appel au boycott du journal Le Monde, accusé de prendre le parti de l’ordre ! Non seulement certains sujets n’auront pas été soulevés, mais encore les invectives contre ceux qui pouvaient douter de certains aspects de la bataille ou de la forme qu’elle se mettait à revêtir se sont multipliées. Le refus de regarder en face le coût de la grève,8 en n’en imputant les dégâts qu’à un ministère qualifié d’irresponsable, ne revient-il pas à se tirer une balle dans le pied ? Des formes innovantes de protestation se sont certes mises en place ; mais elles auraient dû se substituer à la désertification des enseignements, remplacée en certains lieux par une grève active inégalement suivie par les étudiants.9 Quant à ces derniers, désarçonnés par un mouvement qui ne leur appartient pas, ils ont rejoint la révolte, en petit nombre ici, en plus grand nombre ailleurs, sur des revendications nouvelles, brouillant encore le sens d’un conflit plus que jamais complexe.
La grève a finalement instauré une double peine pour les étudiants les plus pauvres, déjà moins bien armés pour des études, dont le coût est considérable malgré la faiblesse des frais d’inscription, et qui – pour les moins avancés dans leurs cursus – finissent par quitter définitivement un milieu qui ne les comprend pas et qu’ils avaient eu tant de mal à pénétrer. La situation de pauvreté de nombre d’étudiants, qui ne parviennent pas à se loger,10 est à cet égard déplorable. En 2006, les trois quarts des étudiants exerçaient une activité rémunérée en cours d’année. Tous les efforts doivent être dégagés pour sortir du chômage et conserver leur valeur aux diplômes, en ces temps de crise où le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans risque de dépasser les 25%.
Une des formes originales de la protestation, la ronde des obstinés, qui renvoie – abusivement – à un autre conflit, celui des mères argentines réclamant des nouvelles de leurs enfants disparus, mêle quelque chose de poétique et des connotations qu’on aurait préféré évincer : marche-t-on ainsi pour regretter une université disparue, dans une ronde qui revient… à tourner en rond, et à ériger en qualité une obstination à laquelle il eût été préférable de substituer, plus modestement, un mélange de ténacité et de conviction ? Reste alors cette question : le conflit ne s’arrêtera-t-il que si l’on revient au monde d’avant ? On nourrirait alors le mythe ravageur d’une université immobile à jamais.
La longueur du conflit, dont nous avons tenté de montrer qu’il se joue sur plusieurs registres et qu’il réclame un plan d’urgence et une meilleure considération pour une profession mal rémunérée et dont la mission est pourtant cruciale, appelle une dernière question. Est-il encore possible, dans un monde universitaire en crise, de passer des compromis qui ne soient pas des compromissions ?
La France a consacré, en 2007, 23,7 milliards d'euros à l'enseignement supérieur.
Source :L'État de l'enseignement supérieur et de la recherche en France, no 2, décembre 2008.
En janvier 2008, on comptait 78 169 enseignants et 55 271 personnels assumant des fonctions administratives, techniques, d'encadrement dans les établissements d'enseignement supérieur y compris les IUFM. 2008.
Les enseignants devront désormais justifier de l'obtention du master pour pouvoir être recrutés à titre définitif. Le lauréat au concours accomplit un service à plein-temps et un "accompagnement intensif" par des professeurs expérimentés remplace l'année de stage professionnel.
Le ministre demandait aux universités de construire des masters pour un concours opérationnel dès 2010. Il dû reculer aux termes de trois mois de conflits.
Mathias Dewatripont, Victor Ginsburgh, Patrick Legros, Alexis Walckiers, Jean-Pierre Devroey, Marianne Dujardin, Françoise Vandooren, Pierre Dubois, Jérôme Foncel, Marc Ivaldi, Dominique Heusse, "Study on the Economic and the Technical Evolution of the Scientific Publication Market in Europe", Report commissioned by DG-Research, EC, janvier 2006. www.ec.europa.eu/research
L'opération campus est un plan immobilier universitaire lancé en février 2008 et destiné à faire émerger 12 campus d'excellence. Le projet du campus Condorcet est celui d'une "cité des humanités et des sciences sociales" à dimension internationale, qui devrait rassembler sur deux implantations, à Aubervilliers et porte de la Chapelle, des forces importantes venant de six "porteurs du projet" : les universités Paris 1, Paris 8, Paris 13, l'EHESS, l'EPHE et l'École nationale des Chartes.
Au risque de soulever une question très sensible, il faut rappeler que les grèves n'ont pas donné lieu à retenue sur salaire, les grévistes ne se déclarant pas comme tels à l'université. Si le conflit n'a rien à voir avec cela, sa durée et sa forme ne sont pas étrangères à cette spécificité de la relation de travail en milieu universitaire.
Voir, sur le site de la revue, le reportage et les témoignages d'étudiants sur "les galères de la grève", www.esprit.presse.fr dans la rubrique "l'article de la semaine".
En 2007, dans l'enseignement supérieur, 495 208 (près de 30% des étudiants) étudiants ont bénéficié d'une aide financière sous forme de bourse.
Published 1 July 2010
Original in French
First published by Esprit 6/2009 (French version)
Contributed by Esprit © Françoise Benhamou / Esprit / Eurozine
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