Une lettre écrite depuis la marge
Le racisme a certainement accentué les processus de destitution et d’exclusion des Roms après l’effondrement du communisme. Mais une rencontre avec un groupe de Roms à Lille révèle une autre dynamique au travail. Plutôt que d’être contrainte à le faire retomber sur le lien fragile entre l’affluence et l’appartenance, la société repousse le problème jusqu’à ses marges. Reportage.
Le campement est démantelé au sein des quelques minutes que dure leur expulsion. À son arrivée à Petrosani, en Roumanie, plus tard ce jour-là, un homme décrit la scène : C’était comme si nous n’étions pas là, déclare-t-il. Le zèle et l’indifférence des policiers qui faisaient évacuer le site doivent l’avoir piqué. Mais ses paroles font aussi allusion à un traumatisme plus élémentaire. Cette expulsion en simultané avec la démolition effectuée à la pleine vue des personnes qu’elle avait rendues sans-abri, semblait dénier le fait qu’ils aient le droit à, ou même soient capables d’avoir, des sentiments.
Les mots pullulèrent en réponse à la récente expulsion de Roms originaires de France, peu d’entre eux étaient aussi mémorables que ceux de cet homme qui résumait les événements. Il devient quelque part en Europe, toutes les quelques années, opportun que cette question soit considérée comme “non-ignorable”. Un nuage de poussière de mots et de statistiques se soulève alors, et après quelques mois ils réagissent les uns avec les autres en plaçant une sorte de brume sur l’histoire, derrière laquelle elle s’efface de la vue pour une autre année ou deux.
Comment trouver les mots pour ce qui ne fera pas simplement qu’épaissir ce nuage de poussière?
C’est l’endroit où une bretelle d’accès répond à l’une des principales nationales qui partent à l’est de Lille, une poussette vide est garée contre la glissière de sécurité. Une femme se tient à proximité avec un bébé dans les bras, avec dans ses mains un gobelet en papier. C’est le début de l’heure de pointe et les voitures doivent faire la queue avant de pouvoir se fondre dans le trafic. Elles ont leurs fenêtres ouvertes: c’est la fin de l’après-midi et il fait chaud pour un mois de Septembre.
Les piétons n’ont jamais fait partie du plan offert par ce paysage. Toute personne à pied ici se distingue littéralement. À chaque fenêtre son murmure est écourté par la secousse légère de la tête d’un conducteur. Même de près, je ne peux pas dire la langue qu’elle utilise. Les mots lui sont tout aussi superflus qu’ils ne le sont à ceux à qui qu’elle s’adresse. Cela ne tient pas aux mots en aucune langue, et les deux parties le savent.
Mais lorsque je lui demande où elle vit, elle désigne rapidement un bois voisin. Le chemin d’accès vers celui-ci passe à travers l’herbe rugueuse, en oblique en bas du remblai de la route. Les caravanes sont entassées sous les arbres et j’attire immédiatement la curiosité de petits-enfants qui parlent le français couramment. Puis viennent les attentions plus prudentes de leurs parents, qui s’expriment moins parfaitement. Enfin, plus éloignées encore, les salutations des grands-parents, qui parlent seulement le roumain. Les mots sont soudain tout: une jeune femme prend mouche lorsque je ne peux pas comprendre quelque chose qu’elle dit en français – ne suis-je pas en train de suggérer qu’elle n’a jamais fréquenté l’école? ” Qui vous a donné la permission d’entrer ici? ” une demande jeune homme, en roumain. “Où est votre autorisation? ” Un des enfants: “Pouvez-vous m’apporter une balle lors de votre prochaine visite? ” Une femme âgée a entendu dire que les Roms vont tous devoir quitter la France dans les deux semaines à venir – Sais-je si cela est vrai? ” C’est un journaliste, ” ajoute un autre sur un ton satirique: ” Il sait tout. ”
Et le satiriste de rester à parler. En réponse à ma question sur ce qu’il fait, il me montre une liste d’adresses et de dates, en détaillant ses tournées. C’est un système de collecte de la ferraille géré par le Conseil municipal de Lille. Il me montre également son permis de conduire: il lui permettrait de travailler comme chauffeur de poids lourd partout dans l’UE. Je demande pourquoi il ne le fait pas et il écarquille les yeux: “Avec une adresse pareille ? ” il désigne les arbres environnants – ” Qui va m’engager à la place de l’autre gars ? ”
À propos des expulsions, il me surprend. ” Sarkozy n’est pas un imbécile. Il est vrai qu’il y a des gens ici qui volent. Bien sûr. Il a raison. C’est particulièrement difficile pour commencer. Vous n’avez rien et ne pouvez rien faire sans une voiture. Vous savez comment travailler – tous les Roumains peuvent faire le travail de trois Français – mais personne ne va vous donner un travail. Alors il advient que certaines personnes volent. Il y a du travail, de sorte qu’ils ne devraient pas, mais… ” Il hausse les épaules.
” Je suis ici depuis quatre ans. Pendant dans tout ce temps, j’ai passé une nuit en garde-à-vue. J’ai ramassé quelques tuyaux en cuivre qui me semblaient bons pour la collecte. La police arrive – Dans la voiture s’il vous plaît, Monsieur. Ils étaient durs. Mais je me suis expliqué et ils m’ont laissé partir. Je ne demande pas un traitement spécial. Il en va ainsi: il y a une question de droit et une question de race. Les personnes qui ont enfreint la loi devraient rentrer en Roumanie. Je suis d’accord avec Sarkozy. Mais quand ils vident les terrains, ils expulsent tout le monde. Je n’ai pas de casier judiciaire. Je travaille. Et il y en a beaucoup comme moi. Si vous avez été ici, disons, cinq ans, et que la police n’a rien eu à vous reprocher, alors vous devriez obtenir un appartement. Pourquoi pas? ”
Abandonnant le bois, je sors sur le parking de l’Institut de Technologie de l’Université de Lille. Certains des enfants me suivent sur une courte distance, me font encore promettre de leur ramener cette balle, puis s’en retournent. Je marche sur quelques mètres et me retrouve parmi les étudiants et les allées pavées, les bâtiments de la faculté, les pelouses. Parmi les gens libres d’imaginer leur avenir et de travailler dans cette direction.
Deux choses que je ne découvrirai que plus tard. Premièrement: douze personnes, toutes de ce camp, étaient sur le point de pénétrer dans les entrepôts d’un organisme de bienfaisance local qui avait parfois été réticent à aider les Roms. Ils ont tous été arrêtés.1 L’homme à qui j’ai parlé n’était pas parmi eux. Deuxièmement: un bébé de quatre mois était mort sur ce site une semaine auparavant. Un autre petit enfant, vivant avec ses parents dans une tente (nous étions presque en automne), avait été admis à l’hôpital pour des problèmes respiratoires. Lorsque la tentative de cambriolage est signalée à la télévision locale, ni la mort ni la maladie ni réticences occasionnelle de l’organisme de charité ne sont mentionnés. La seule conclusion à retirer de ces nouvelles, c’est que les Roms sont tellement habitués à voler qu’ils vont même essayer de voler ce qu’ils pourraient avoir sur demande.
Dans tout cela – de la femme mendiant à un carrefour jusqu’au bulletin de nouvelles – Où placez-vous le poids? Qu’est-ce qui importe vraiment dans cette histoire?
D’accord, j’ai été désinvolte en parlant du ” nuage de poussière verbale “. N’importe quels mots sur le sujet, les miens inclus, en font partie. Si les expulsions ont été orchestrées, alors pourquoi ne pas demander, comme plusieurs auteurs l’ont fait, qui dirige le spectacle? Les expulsions ” volontaires ” de Roms originaires de France se sont produites au taux de 8-10.000 par an depuis 2007, lorsque le ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité Nationale a été mis en place. Les chiffres pour 2010 ne sont que légèrement plus élevés que pour les deux années précédentes. Le nombre de Roms roumains et bulgares dans le pays est resté constant, s’élevant à environ 15.000 personnes.2 Parmi les expulsés, nombreux sont ceux qui sont revenus.
Il est donc clair qu’il y avait une raison pour Sarkozy de mettre si brusquement au premier plan cette politique inefficace, en Juillet 2010, comme la pièce maîtresse de sa politique sécuritaire. Il fait valoir que les camps sont “illégaux”. Depuis 1990, toutes les villes de plus de 5000 habitants en France ont été sommées par le droit (français) de fournir des aires d’accueil pour les voyageurs. Entre 20 et 40 pour cent des communautés de communes se sont mises en conformité, en fonction des dires de différentes personnes. “Il est fort bien de rappeler tous les Gens du Voyage à la loi, mais vous devriez la respecter vous-même”, a ainsi récemment conçu l’homme politique responsable de la loi de 1990.3
L’ordre de Nicolas Sarkozy d’effacer les camps de Roms a été une man¦uvre aussi peu inspirée qu’elle n’était surprenante émanant d’un président en proie à des scandales financiers (note: “les scandales financiers” de style européen de l’Ouest doivent être clairement distingués de la “corruption”, de la “délinquance” et du “crime organisé”, sur lesquels les Européens de l’Est ont un monopole). Sarkozy a subi la défaite aux élections locales en Mars et ses réformes des retraites ont été et sont la preuve de son impopularité sur une grande échelle.
Tout cela est vrai. Mais il est également évident que la mixophobie parrainée par l’État,4 comme une tactique de diversion en particulier dirigée à l’encontre des Roms, est devenue un stand-by régulier pour les dirigeants européens dans leur heure de besoin. Peut-être que le fait de pousser les Roms à tourner en rond remplacera les aventures de politique étrangère en guise de contrefort de l’estime de soi européenne. Le déplacement de ces personnes est bien vu politiquement dans certains milieux, mais “ces gens” ne s’en retournement effectivement pas et tout le monde le sait. La Roumanie n’est pas sur le point de surmonter son incapacité à intégrer cette population, et surtout pas les conditions économiques actuelles. Les attaques violentes sur les communautés Roms ont fortement augmenté ces dernières années.5 Les détails des raisons pour lesquelles c’était l’Italie la fois dernière, ou cette fois-ci la France, comptent, mais ils laissent plus de questions permanentes en suspens.
Le Musée d’Art Moderne de Lille rouvre ses portes après quatre années de fermeture, avec une nouvelle aile dédiée à ” l’Art Etranger “. Tombant sur l’ouverture de presse, je demande mon badge et entre. Le maire de la ville et le ministre de la Culture sont attendus vers midi. Le ministre a une exposition Monet à ouvrir à Paris plus tard, alors il sera peut-être un peu en avance, ce qui a qui a mis les gens sur les nerfs. Les journalistes et le personnel désoeuvré attendent les célébrités. Les conservateurs harcelés assistent aux ajustements de dernière minute. Des types d’un noir-adapté ” inaperçu ” ont clairement été désignés pour fouiller dans tous les coins de la place. J’ai l’impression qu’ils se gardent de me trouver là.
” L’Art Etranger “, ou ” Art Brut “, est ou a été produit par des personnes sans formation artistique formelle – femmes au foyer et mineurs, malades mentaux et facteurs, – des personnes qui ont peint ou sculpté en dehors de toute école ou groupe. Je n’en ai jamais entendu parler, et je suis frappé par l’idée et remué par le travail. Cela se trouve ici dans les grands et immaculés espaces climatisés de la nature que celui qui l’a créé, on rassemble, on en a rarement bénéficié. Est-il malvenu de ma part, alors, de me sentir comme je le fais? Pour comparer et mettre en contraste cette nouvelle appréciation de l’Art Etranger avec notre ambivalence permanente envers les étrangers eux-mêmes? Pourquoi tant de ces personnes douées finissent-elles dans les salles des hôpitaux psychiatriques?
Je pars juste au moment où le cortège ministériel et les motards de la police font ensemble une embardée dans l’aire de débarquement par l’entrée principale. Dans le viseur d’une douzaine de caméras en attente, d’une flotte d’étincelantes limousines et monospaces, ils apparaissent : les initiés, ceux qui sont dans la place.
Le Musée d’Art Moderne de Lille, tout autant que le bois et l’Institut de technologie sont tous situés sur la bordure orientale de la ville, dans la ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq. Trois villages ont été engloutis lors de sa création, en 1968. Avec les usines de textile et les mines de charbon du nord de la France en déclin, ce projet d’envergure financé par l’Etat a été facturé dans le cadre de la transformation économique de la région. Au c¦ur il y eut bientôt, et se tient toujours, le Centre V2 (V pour Villeneuve, ou “Nouvelle Ville”). Avec ses cinquante-deux mille mètres carrés, c’est l’un des plus grands centres commerciaux en France, avec des parkings de la taille d’un aéroport et des restaurants dans tous les styles imaginables. C’est comme un centre-ville, à l’exception que la consommation est la seule activité prise en compte. Il y a une musique d’ambiance swimmy que les escaliers roulants montent et descendent. Les mêmes cinq minutes d’un documentaire sur la faune dans l’arrière-pays australien se répètent tous les jours sur ses innombrables écrans de télévision.
Si cela est le centre, où est la marge? Cette famille avec un jeune enfant souffrant de problèmes respiratoires a reçu une semaine dans une chambre d’hôtel après avoir quitté l’hôpital. À dix minutes à pied du centre V2, il y a un terrain vague où un collectif leur construit un abri où ils pourront s’installer une fois cette semaine écoulée, près d’un autre camp rom, plus petit. Les panneaux, la toiture et l’isolation ont été obtenus par un prêtre radical. L’assemblage, ce sont des étudiants en architecture, en philosophie, et en informatique. Ils sont voisins, enseignants, défenseurs de l’environnement. Ils sont croyants catholiques, lecteurs de Kant, athées libérés. L’exaspération de toutes sortes a conduit à une détermination commune.
Certains groupes de défense des Roms font valoir le fait qu’une telle philanthropie ne sert qu’à flatter ceux qui la dispensent, tout en perpétuant une image des Roms comme des personnes à charge et sans défenses. Cela procède de façon muette sur les origines de tout cela: un racisme omniprésent et invétéré, à l’Est comme à l’Ouest. Je voudrais seulement ajouter que, parmi les Roms auxquels j’ai parlé, la nostalgie de Ceausescu était un refrain, une rengaine. Ils auraient pu bien facilement blâmer le racisme roumain, mais peu d’entre ceux auxquels j’ai parlé le faisaient. Un vieil homme était en cela typique: il avait travaillé dans une usine de confection “jusqu’à ce qu’elle ne soit vendue à Dieu sait qui”. Je lui ai fait valoir le fait que 1989 avait amené la démocratie en Roumanie. “A cette époque nous n’avions pas besoin de nous promener en dehors, à l’extérieur du pays “, répondit-il avec amertume, oubliant peut-être que les possibilités de voyage étaient quelque peu limitée à cette époque-là. Mais il a ajouté: “Il y avait du travail à la maison puis les usines ont fermé et nous avions faim: c’est cela l’histoire. ”
Si les Roms se sont trouvés affectés de manière disproportionnée par la “transition”, cela pourrait bien devoir beaucoup au racisme. Mais de manière succincte la mondialisation de l’économie avec des endroits comme la Roumanie (et la promotion de cette voie par l’UE) ne doit pas être abandonnée à si bon compte. Il s’agit tout autant de pauvreté que de race, et de l’abattoir de l’histoire.
La façon dont nous vivons a pour corollaire de repousser ces personnes sur les marges de nos villes aussi bien que sur les marges de notre conscience. Là, on les abandonne, on les fait disparaître, on envoie des journalistes pour les regarder de temps à autre. Et ce n’est la faute de personne. Nous “appartenons” dans la mesure où nous possédons les moyens de nous sentir les bienvenus dans le Centre V2. Réfléchir sur ce que pourrait signifier la pauvreté c’est réfléchir sur la fragilité de notre propre “appartenance”. Nous ne le voulons, en règle générale, plutôt pas. D’où la suppression vers la périphérie des incitations à de telles réflexions. Ce n’est la faute de personne.
Une fois admis ce qui est de fait bien au-delà de la portée de la philanthropie de pouvoir modifier, revenons brièvement sur cette zone de terrains vagues. Il n’est pas immédiatement apparent pourquoi elle n’a jamais été construite, parce que la raison se trouve à environ 12 mètres sous vos pieds. La pierre avec laquelle a été construit le vieux Lille, la bourse splendide et les fortifications Vauban incluses, n’était pas venue de loin. Le réseau de galeries s’étend encore sur des kilomètres dans la campagne autour de la ville et a souvent servi d’abri en temps de guerre ou de refuge. D’épais piliers ont été abandonnés et le calcaire a été extrait par des ouvertures étroites. Ils ont ensuite été scellés de telle sorte que le sol au-dessus puisse rester en culture. C’est seulement lorsque l’urbanisation eut lieu ici il y a quarante ans et considéra cette terre dangereuse pour la construction, qu’elle tomba en désuétude.
Cette question est pertinente parce que le groupe qui construit cet abri s’est formé autour d’un noyau d’étudiants bien avant cette ” cause ” ne soit née. Ils ont construit des maisons d’arbres pour les enfants locaux, créé des sentiers, des jardins et des zones de pique-nique. Ils ont offert des visites guidées à l’histoire naturelle de ce morceau de nature sauvage et ont balancé des fêtes de quartier. Ils étaient aussi consternés que n’importe qui lorsque les premiers Roms sont arrivés. Pour le fondateur du groupe, Yann Lafolie, un étudiant en philosophie et en paysagisme, le site n’était pas du tout “un terrain vague “. Il a été, au contraire, plus un laboratoire, un point de rencontre entre les gens et la nature, idéalement pourvu pour le re-travail de ces dualités.
Il y avait un bosquet d’orchidées abeilles là où les Roms ont décidé de garer leurs caravanes. L’intérêt local pour les étudiants et leur projet a chuté. Le premier groupe de Roms a été expulsé, mais les tas d’ordures n’ont jamais été nettoyés. Lorsque le groupe suivant est arrivé il y avait plus de décharges sauvages. Vous marchez sur n’importe quelle distance dans les broussailles et il y avait la merde partout, des rats secouant les orties et les ronces. Avant que vous ne montiez sur vos grands chevaux, demandez-vous comment vous apprécieriez cela dans votre terrain vague local.
C’est la question à laquelle ces étudiants avaient été confrontés. Yann est allé parler à la dernière série de nouveaux arrivants. Ils étaient méfiants au début, mais c’est qu’il n’avait pas jusque-là regardé de très près les conditions dans lesquelles ces personnes vivaient. En regardant maintenant, il a réalisé que les préjugés du groupe devraient être révisés. Il fallait d’abord interrompre ce cycle des expulsions sans fin, chacune d’entre elles n’ayant pour effet que de bouleverser les relations personnelles et d’endommager davantage le site. Cela signifiait de porter l’affaire au niveau de la mairie. Et bien sûr, en partie grâce à des groupes de pression comme celui-ci, Lille a mis fin à toutes les expulsions. Puis il avait besoin de connaître les gens qui étaient là aujourd’hui, individuellement, et de ” trouver un moyen de vivre ensemble “. Cela signifiait de faire le point avec les voisins. Il ne leur a jamais donné de l’argent à la fois parce qu’il n’en a pas et parce qu’il serait plutôt d’accord sur le fait que cela ne fait que perpétuer la dépendance. Le groupe a lancé une autre fête et avec les Roms, ils ont aidé à nettoyer le site. Il a organisé avec la mairie la collecte des ordures. D’autres fêtes conjointes des voisins-étudiants-Roms ont été lancées depuis lors.6
Ce que ceux qui rejettent de tels efforts ratent eux-mêmes est l’approfondissement qui est possible, quel que soit votre point de départ. Je ne pense pas que n’importe qui dans ce groupe ” sache ” exactement vers quoi leur projet se dirige, mais qu’existe-il comme autre réponse humaine? Ils cherchent à engager des choses avec ce qui est effectivement la situation: les citoyens de l’UE avec nulle part où aller, des enfants souffrant de problèmes respiratoires, l’hiver sur la route. Il faudra pour cela – c’est déjà la cas – l’adaptation de vieilles idées, l’engagement avec le mal à l’aise attenant. C’est un risque, mais le risque est fondé sur l’espoir.
L’alternative?
L’alternative est de refuser à la fois l’espoir et ce qui se déroule actuellement.
"Le Secours Populaire cambriolé, 12 Roms arrêtés", 21/09/10 Grand Lille TV.
See: Olivier Peyroux, "Les Roms: nouvelle arme politique?", première publication en roumain in Dilema Veche 344 (2010).
Louis Besson, "Cette loi n'est pas un traitement de faveur", Le Monde 15/09/10
Zygmunt Bauman, "On the difficulty of loving thy neighbour", in Liquid Love, Polity: 2003.
2009 Romani CRISS Report on Human Rights Violations in Romania.
"La Frich'ti de l'école d'architecture se pare de nouveaux attributs", La Voix du Nord 10/10/10.
Published 4 November 2010
Original in English
Translated by
Jean-Baptiste Duez
First published by Eurozine
© Horatio Morpurgo / Eurozine
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