France’s snap elections are the most spectacular sign that EU elections now matter. But whether the far right’s shift from fundamental opposition towards reform from within politicizes the EU in a positive way depends on the centre’s readiness to hold its ground.
Depuis le 31 mars 2016, la place de La République est occupée par un mouvement de contestation politique né des manifestations contre la loi Travail, dite El Khomri, proposée ce printemps par la ministre du même nom. Ce soir-là, les manifestants ne sont pas rentrés se coucher chez eux : “On reste debout cette nuit”, “c’est Nuit debout !” Depuis, le mois de mars n’a plus de fin, avec cette invention ludique d’une extension de la ligne du temps martien vers un ailleurs politique. Comment décrire ce mouvement ? Ici, quelques impressions à l’occasion de traversées aléatoires de la Nuit debout.
L’ombre des massacres
Depuis que la place de la République est piétonnière, elle est devenue un lieu habité de façons diverses par plusieurs strates de vie collective. Ainsi, depuis trois ans, de jeunes artistes sur planches et patins à roulettes la sillonnent, alors que traînent clochards et écoliers buissonniers, pendant que les amoureux parfois pressés ou les habitants affairés du lieu la traversent d’un pas décidé. La grande bouche du métro ici crache toutes ces diagonales des quotidiens bien tracés. Toutes ces figures enroulées autour de leur téléphone portable, toutes ces mobilités tressées, sont déjà ailleurs : leurs silhouettes de gens heureux s’estompent magiquement avant même d’avoir traversé la place.
Fêtes, concerts, spectacles divers, surtout au printemps et en été peuvent aussi se produire dans cet espace généreux. Épisodi-quement, des étals divers, plus ou moins provisoires, marchands et/ ou militants, viennent s’installer : ainsi la grande tente des mal logés du Droit au logement (DAL) a voisiné, quelques semaines hivernales de 2015, avec les petites tentes bleues des réfugiés venus aussi, pour beaucoup, de l’Afrique subsaharienne, en sus de la Syrie. Un matin, ce sont les cars bleus des CRS qui sont là pour le délogement. Parfois, une immense foire surprenante : par exemple, le 27 septembre 2015, 60 000 personnes sont sur la place entièrement “meublée” de stands proposant des solutions alternatives à toute une série de problèmes. Ce grand rassemblement du mouvement basque français Alternatiba marquait une suite d’actions au long terme aussi géniales que méconnues. Ce grand succès ponctuel, sur la place, absolument non relayé par la presse, a disparu des mémoires : c’est le grand échec de ce qui n’existe pas dans les médias ; la blogosphère des proches et amis ne suffit pas. Enfin, autre exemple de ce qui hante parfois l’espace de cette place devenue centrale : les séances de lecture des noms et prénoms des Morts de la rue dans l’année, grâce à l’association du même nom, en présence de toutes les associations qui travaillent avec la grande précarité.
Mais arrive l’année 2015 : tout ce tissu des temps collectifs ordinaires sur la place a été aussi déchiré par les sanglantes journées du 7 janvier et du 13 novembre. Les massacres sidérants furent commis dans le quartier. La grande statue de la République s’est trouvée reconfigurée par l’irruption du tragique imprévu. La coutume s’est inventée collectivement autour d’objets, de gestes, de formes de mobilité : ici nulle recette, ni programme.
Dès les premiers soirs des attentats, en janvier comme en novembre, les Parisiens qui ne pouvaient pas rester chez eux ont vu leurs pas les conduire sur cette place. Qui a posé la première gerbe de fleur ? La première bougie ? Le premier écrit ? Et puis, ce lieu a été envahi par les grandes manifestations “post-traumatiques” qui eurent lieu de façon très différente en janvier et novembre 2015. Comment penser l’ombre portée sur Nuit debout par ces moments historiques ? Comment le monument – avec ces trois grandes femmes en pierre : Marianne là-haut, et Égalité, Liberté avec, au pied, le Lion du suffrage universel – porte l’écho des manifestations qui lui ont tourné autour depuis 1883 ? Dans quel rêve de pierre résonnent encore tous ces bruits de pas, ces chants, ces slogans ? La foule de Nuit debout peut-elle avoir oublié ce passé si proche ? L’ensemble statuaire est encore maculé des signes de la cruauté : cruor, le sang versé en latin.
Michaël Fœssel, dès les débuts de Nuit debout, était frappé par cette proximité entre les deux temps historiques rapprochés sur cette place : un lieu de culte laïque et républicain tourné vers la mort et, tout à côté, des nuitards debout tournés vers l’avenir. Les seconds effacent-ils le premier ? Pour le promeneur, une fois l’invisible frontière entre les deux franchie – une frontière qui bouge selon le moment –, le passé est oblitéré : autour de l’assemblée générale de Nuit debout, on oublie totalement, là derrière, l’ombre des massacres. Jusqu’à laisser les jeunes gens souples et avides grimper sur l’autel sacré devenu lieu provisoire de mémoire. Ils veulent écouter et voir l’orchestre debout ce soir du 20 avril – il s’agissait du 4e mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde, entre autres musiques classiques grandioses. Et le dimanche 1er mai, c’est le Boléro de Ravel et Danse debout qui attire la foule. Une foule qui n’est pas au concert mais qui pense vivre le début d’un autre futur – et qui alors tourne vraiment le dos à l’ombre des morts derrière. Alors que le temps du deuil collectif pose la vie quotidienne de la jeunesse assassinée comme un paradis perdu, le temps politique de Nuit debout frappe tout présent d’infamie politique. Le temps tendu vers l’avant de l’action militante efface de fait l’investissement du passé comme rêve désespéré.
Les concerts de Nuit debout sont les moments les plus magiques et presque douloureux du mouvement, à cause de cette urgence d’un autre monde que la nuit transforme en temps musical terrible, où finalement le monument trouve sa place exacte décrite en 1793 :
La divinité de la République est la liberté, son temple est l’Univers ; c’est sous la voûte céleste que doit se célébrer son culte. Nos places publiques seront désormais nos salles de concer.1
Quelques semaines après les grandes séquences de commémorations douloureuses, après les grandes manifestations nationales consensuelles, réconciliées avec la police et le présent, survient l’occupation de Nuit debout : toute une foule se presse, où certes la jeunesse domine. S’installent alors, sur le monument, les grands panneaux politiques (“Où est la démocratie ?”), qui coexistent avec les anciens (“Mme pas peur”), les bougies avec les tracts. Nuit debout est bien à sa place, sur cette place-là, à projeter sur Mars un avenir adossé à un socle puissant, le monument central. Les promeneurs encore pèlerins du lieu de mémoire des massacres deviennent de plus en plus avec le temps touristes à selfies : après avoir photographié l’ensemble statuaire encore décoré des signes cultuels de la mémoire des morts, ils viennent traner du cté de l’assemblée générale de Nuit debout…
Et les acteurs de Nuit debout à leur tour viennent tourner de l’autre cté de la statue, pour téléphoner, trouver plus de tranquillité un temps, mais aussi peut-tre, lorsque menace le déluge de paroles prospectives et dénonciatrices autour de l’AG, pour puiser secrètement dans le flux de silence qui tourne autour du monument un peu du repli minéral de notre histoire. Toute leur ruche bourdonnante tournée vers l’anticipation, l’avenir, la révolte, le désir intense de ce qui pourrait advenir d’autre s’adosse ici à un puits de silence, une statue mutique, l’intransitivité de la mort. De plus, là derrière, d’autres groupes se tiennent, les marginaux de Nuit debout, anarchistes et zonards précaires, comme si ceux-là aussi se sentaient mieux protégés près de la statue.
La semaine est une vaste journée
Le premier temps de l’affairement actif voit apparatre les militants bénévoles. Un soir d’avril, je croise sur la place une amie, Martine F., remarquable dans le travail social depuis toujours, qui me dit : “Je rentre, je suis venue les aider à nettoyer à 16 heures, j’suis crevée.” Elle a dépassé les 65 ans et vient prter main forte.
La semaine est une vaste journée, dont la nuit arriverait le vendredi soir : les vendredis, samedis et dimanches sont des moments d’intensité attendus de Nuit debout entre 18 heures et 23 heures. Le lundi est un temps plus matinal, mme le soir, qui sera plus vide.
En fonction de l’heure du jour, du temps de la semaine et du moment dans le mois, le mouvement Nuit debout est différent tout en maintenant dans le temps sa scène affairée. Ainsi ce vendredi 13 mai, six commissions “structurelles” proposent infirmerie, accueil “sérénité et sécurité”, restauration, campement… Logistique Debout veille, prte une attention ciblée au réel matériel, balaye s’il le faut. Il y a aussi vingt et une commissions thématiques dont “Cahiers de doléances”, “Dessin debout”, organisation des actions du mouvement, antipub, organisation du travail social, “Banlieue debout”, constitution (en cours de réécriture), avocats, architecture, écologie, arts visuels, danse, etc., toutes debout ! La liste compte aussi les féministes, et tous les groupes plus classiquement politiques : handicap, discrimination, éducation Palestine, antispécisme (racisme contre les animaux), France-Afrique, et bien sr “Réfugiés-migrants”, défense de tel ou tel emprisonné, etc. Chaque jour, la configuration peut changer.
Certains soirs, surtout en mai, il y a ces moments creux. Une sourde anxiété saisit le promeneur du moment : est-ce la fin ? Il n’y a pas encore vers 18-19 heures “radio” et “télé” Debout, l’AG est restreinte comme une peau de chagrin, le cercle des assis ne fait pas plus de cinq mètres carrés… Ces soirs de faible intensité, le corps de Nuit debout montre son squelette : militants nés du mouvement, lycéens et étudiants qui sont entrés en politique ce printemps, mais aussi des jeunes et moins jeunes aux corps souvent marqués par une vie plus ou moins marginale et une précarité d’époque. Un jugement trop rapide sur un mouvement de jeunes bourgeois “sans cervelle” qui viendrait “glander ici”, serait erroné : les soirs sans foule montrent un autre visage, plus émacié, plus dur, lié à une vie plus difficile d’une génération sans assurance de travail ni de logement, qui tourne autour du stand “restauration”. Mais quelques heures plus tard, ou le lendemain à nouveau pour une raison ou une autre, la foule revient, le corps collectif de Nuit debout se dilate en un vaste “tout le monde” (le mot de “peuple” semble un peu désuet). Et la statue de la République redevient la figure de proue en suspens sur l’océan des bruits de voix aux multiples courants.2
Il y a des moments d’intensité liés à des événements politiques, comme la répression policière inquiétante de la mi-avril, où la proposition de la loi sur le travail, surtout avec le recours au 49-3 – “L’eau bout à 100 º, mais la France à 49,3” ; “Si vous nous faites le 49.3, nous vous ferons le 17.89” – a suscité des manifestations. Il y a eu aussi des urgences plus locales, comme cet appel lancé par les associations de soutien aux exilés campant sous le métro Stalingrad, qui a entraîné une migration en groupe en direction du campement menacé. Ces temps forts politiques réorientent les paroles, les interactions et les mobilités vers le pôle central du moment : une politisation plus classique des énoncés et des projets à court terme se produit, qui utilise le terreau de Nuit debout comme ferment d’actions ponctuelles. Ces temps plus politiques sont mieux lisibles et entendus : forces réactionnaires. Quand il se radicalise, le mouvement risque le dérapage mortifère de la violence de rue, liée à ces “casseurs” inconnus au bataillon face à une répression policière inquiétante.
Mais il me semble que l’on perd l’originalité de fond du mouvement si on le réduit à ses actions explicitement politisées. En effet, il y a aussi des soirées intenses sans autre base “politique” que cette injonction minimale de rester “debout”. La scène de Nuit debout est alors comme un bouquet décoiffé, un foisonnement de pièces de puzzle sans dessin d’ensemble. Avec des disputes internes et de réelles discordances, comme lorsque de très jeunes et brillantes féministes sont venues porter leur fureur non seulement contre les “mecs” harceleurs de Nuit debout, mais contre tout le machisme nocturne ambiant. Quand la ruche bourdonne, les questions récurrentes des commentateurs de tous horizons reviennent tournoyer au dessus de la place noire de monde : “Où ça va ?”, “Où est le programme ?”, “Qui est le porte-parole ?”, “Est-ce le début d’un vrai mouvement/parti politique ?”, etc.
Pas de réponse : les frontières sont brouillées entre travail et fête, désir rebelle et quotidien affairé, production de messages précis et articulés et stagnation vague ici plutôt que là, téléphone portable porté haut, vers le redoublement de l’énigme : passer de l’être ensemble opaque à son image dans la main est une transaction d’époque, la fabrique d’une première historicité avant même toute narration.
Mais souvent, les soirs de grande intensité floue, dont les programmes parfois changent en cours de route sans que ce soit bien grave, et pendant lesquels rien ne se passe qui oblige à un récit, comme l’accueil raté d’un philosophe critique du mouvement, ou le renversement par les CRS de la grande bassine de soupe de légumes3 , l’énigme de Nuit debout se déploie : qu’est-ce qui nous fait rester dans le froid d’avril ? Et si l’urgence alors d’être là n’avait pas besoin d’autre raison que de poser ensemble l’impossible question du monde en cherchant son centre au cœur de la ville ?
La victoire du point-virgule
La vie militante traditionnelle, dans un parti, consiste à creuser dans les réunions du soir le sillon théorique de la libération. Nuit debout est aussi l’entrée d’une partie d’une génération en politique, définie comme l’autorisation donnée à soi-même de penser et changer le monde. Faire de la politique en ce débutde XXIe siècle, c’est rester dehors, se tenir debout face à la nuit.
Le cœur battant est l’AG, son grand cercle paisible de corps assis, son micro tendu à celui ou celle qui s’est inscrit(e) pour une prise de parole d’une minute et demie. Les discours se succèdent, suscitant applaudissements, silences ou protestations. Un langage est inventé, une traduction en langue des signes est souvent présente aussi. Les jeunes, souples et patients, assis par terre pour que les moins souples et les moins patients puissent voir l’orateur. Se succèdent les orateurs et oratrices, porte-parole d’une cause collective, d’un message personnel. De tous âges et styles, ils sont écoutés avec attention. Certains soirs, il peut y avoir un programme avec projection de films et grands invités venus apporter leur soutien et leurs analyses, voire une ligne politique.
À Nuit debout, le “chef” est manquant, il ne donne pas d’ordres, juste un style, une ambiance idéologique : l’économiste Frédéric Lordon ou le cinéaste François Ruffin, réalisateur du film Merci patron ! (2016), sont souvent cités. Ils viennent, ils sont écoutés, quand ils repartent, rien ne s’arrête. Leur parole ne clôture pas le sens de l’action. Pas de point à la ligne ; Nuit debout, c’est la victoire du point-virgule, qui annonce l’autre phrase.
Toute l’année 2010 a été marquée par l’extension extraordinaire des printemps arabes. Les manifestants, un jour, ne rentrent plus chez eux. Toute une vie quotidienne d’organisation et de solidarités s’invente au cours de ces occupations héroïques des places en face de régimes dictatoriaux. L’année suivante, les indignés espagnols du 15-M occupent la Puerta del Sol à Madrid, puis viennent les Occupy Wall Street : les occupations de places et se multiplient, de Tel Aviv jusqu’à Maïdan à Kiev.
Le point commun ici est l’occupation pacifique d’une place centrale urbaine par des manifestants qui veulent plus de démocratie. Les réseaux sociaux sont une condition de possibilité cruciale de ces occupations pacifiques, qui peuvent montrer et donc dénoncer, en temps réel, la répression parfois sanglante des pouvoirs contestés. La fin des années 1980 avait vu une grande extension des manifestations exigeant la démocratie, en Europe de l’Est et en Afrique, de Belgrade à Alger, qui avaient aboutit à la chute du mur. Les occupations récentes s’offrent comme des champs de travail où l’art et l’imagination sont plus convoqués que la rhétorique et la ligne idéologique. “Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir”, disait une pancarte du 15-M espagnol.
L’occupation pacifique d’un espace public permet un travail collectif en faveur de la démocratie pour s’opposer, non seulement au politique qui fait défaut, mais aussi à tout un système économique. Ce dernier est jugé calamiteux, mais difficile à renverser puisqu’il est international et planqué dans des niches. Cette occupation est physique mais plane aussi dans le nuage internet qui reflète en temps réel le présent collectif : on peut suivre de chez soi et du bout du monde le renversement de la bassine de soupe par la police au moment où il a lieu… Cette double présence est non seulement une protection vis-à-vis des répressions brutales, mais aussi une extension scintillante de l’identité encore floue de ce qui est vécu ici, comme si internet permettait aussi la communication des points de suspension, de ce qui est encore en germe dans les mouvements.
La jeunesse cherche le centre du monde, et veut habiter sa propre contemporanéité. Au tournant des xxe et xxie siècles, à Madrid ou à Rennes, une jeunesse aspire à un lieu où être. Cette aspiration provient d’une insatisfaction à l’égard de ces modes de vie périurbains, où le seul centre est commercial, et d’un sentiment d’impuissance des citoyens. Ce dernier est bien plus grave et douloureux que ne l’imagine la plupart des politiques, qui nous croient tous en proie au même narcissisme meurtrier qu’eux.
Les occupations pacifiques centrales ouvertes proposent de fait, de façon non théorisée, avec des couacs4, dans leur travail quotidien, une culture commune différente de celle qui règne dans la société globale, non seulement en termes de valeurs (d’accueil, d’hospitalité et ici la question des réfugiés est centrale, etc.), mais aussi d’inventivité, de trouvailles, pour socialiser et survivre. Ne pas rentrer chez soi, rester dehors pour, non pas tout changer, mais déjà commencer à “faire un pays dans le pays5“, inventer du social en dehors des systèmes dominants, c’est ce qui se travaille dans le temps ordinaire des Nuit debout quelle que soit la durée du mouvement.
Véronique Nahoum-Grappe
le 47 mars 2016
Sarrette, member de la Garde nationale, et fondateur de ce qui deviendra le conservatoire de Paris, en 1793. Voir le rappel d'un internaute historien dans un débat lu sur Facebook, pardon de ne pas me souvenir de son nom, je le remercie.
Des enqutes sociologiques sont en cours.
De vrais legumes pelés coupés toute l'après-midi, soupe gratuite destinée aux précaires, dont le renversement dans le caniveau a fait le tour des réseaux sociaux pendant quelques jours...
Il fallait offrir une hospitalité décente au philosophe mme hostile venu avec épouse en promeneur "voir" de quoi il s'agissait.
C'est la belle formule de Paul Hermant, journaliste, auteur, fondateur de l'association historique Causes communes en Belgique, et actuellement celle des Acteurs du temps présent.
Published 13 July 2016
Original in French
First published by Esprit 7-8/2016
Contributed by Esprit © Véronique Nahoum-Grappe / Esprit / Eurozine
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